Mes photos de l'exposition Hoho'a 2015

Tu ne vas pas exposer ça ? Si, c'est ce que je veux montrer !

Et pourquoi ?

Pour ceux qui veulent connaître la petite histoire, les explications vont être un peu longues...

 

Je pense à  M.Tirel. Qui est monsieur Tirel ? C'était mon professeur de français au collège, un homme fin au visage émacié que j'aimais énormément. Imaginez le sosie d'Abraham Lincoln, arrivant au collège sur une mobylette pétaradante et minuscule, casque rouge cerise vissé sur la tête et vous comprendrez pourquoi je le trouvais original par rapport aux autres profs. Il restait toujours assis au bureau, n'écrivait jamais rien sur le tableau noir derrière lui, mais dictait d'une voix douce et ferme ses commentaires. Un jour, pendant une lecture, je l'observais et surprenais un sourire derrière sa barbichette face aux mésaventures de Candide et du Dr Pangloss. Grâce à lui, j'ai appris à aimer les pièces de théâtre et surtout la poésie.

Quel rapport avec les photos ? J'y viens ( j'avais prévenu que ce serait long !). Mes photos, une fois développées, m'ont fait penser à un poème de Baudelaire : Correspondances "Les fleurs du mal". Je me souvenais uniquement du premier vers "La nature est un temple où de vivants piliers..." et que ce poème faisait appel à nos cinq sens.

 

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

 

J'ai vu des fleurs certes mais j'ai ressentit quelque chose : "les transports de l'esprit et des sens" dont parle ce poème. Dans ce jardin, pas entretenu, infesté de moustiques, d'herbes folles, j'ai vu un nénuphar baignant dans un cloaque vaseux dans l'obscurité, uniquement éclairé par un rayon de soleil et j'ai trouvé ça beau. En me promenant dans la forêt de mape tels de vivant piliers, le sol jonché de fruits pourrissant dans des coques vides, tandis que des souris s'enfuyaient à mon approche, je respirais l'odeur des feuilles stagnantes dans une eau douteuse, j'ai vu cette feuille géante en contre jour et cela m'a fascinée alors que tout alentour était gris et noir. Ce fameux pigment vert : la chlorophylle, pourvoyeuse de cette précieuse oxygène qui nous est vitale...

A l'origine, je souhaitais faire une série de photo sur la maturation du fruit du pitaya. Pour moi, pour mon plaisir. Puis, j'ai pensé que ce serait bien de partager ces images avec le public, qui peut-être ne connait pas ce fruit ou sa fleur. J'ai choisit ces deux photos car je voulais que mes tirages aient un sens visuel et photographique. Enfin, cela restait dans le thème que j'avais choisit : la lumière ne brille qu'en présence d'obscurité. Une citation de Francis Bacon.

En même temps, je la trouvais pas mal cette citation, voulant m'opposer gentiment contre l'image usité du photographe "chasseur de lumière", "chasseur d'images". Que sont la lumière, les couleurs ? Pourquoi faut-il que l'homme se pose toujours en prédateur ou en conquérant ? Malheureusement ou heureusement, je ne suis pas de cette trempe là, je ne chasse pas la lumière, j'attends qu'elle se manifeste où elle le veut, quand elle le veut. Je regarde, j'observe, je contemple...et alors, il se passera quelque chose, il y aura peut-être une belle photo ? Vous me direz ? :)

 

Hong-My PHONG

le 23 mars 2015



Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Hong-Gi (mardi, 24 mars 2015 03:43)

    J'ai aussi connu Monsieur Tirel en tant que professeur :)
    Grâce à lui, j'ai aimé la poésie et cela se voyait qu'il aimait la littérature, ce qu'il enseignait, et ça m'a motivée à travailler :)
    Tes photos sont vraiment très belles et rien de plus merveilleux de laisser la lumière se manifester, grandir...