Qui suis-je ?

Jeunesse

 

Je suis née à Papeete, sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le 3 avril 1976.  Mon nom chinois Hong My veut dire littéralement « apprendre la beauté ». Je suis issue d’une famille modeste de trois enfants : mon père Cun Pau Phong aux origines chinoises, né au Viet-Nam, naturalisé français, est militaire puis agriculteur, ma mère Feng Chyn, nom de jeune fille Chen, née à Taipeh à Taiwan, est mère au foyer. 

 

 


J’ai une dizaine d’années, lorsque mon père m’offre une machine à écrire, plus tard, ce sera mon premier appareil photo. Je délaisse stylo plume et cahiers pour taper mes textes. Au même moment, je m’intéresse à la photographie. Cette fascination prend racine dans la découverte des albums photos de mon père, prises en Algérie quand il était militaire, éveillant ma curiosité pour l’image et la mémoire visuelle.

 

L'album

Cet intérêt se confirme lorsque Terii, un ami de la famille, photographe professionnel, me donne mon premier conseil de prise de vue.

 

D’autres amis de mes parents m’offrent des livres notamment un dictionnaire Larousse. Je le lis comme un roman. Les mots sont magiques. Au collège, j’emprunte souvent des romans au CDI que je dévore à la maison. Cela ne me suffit pas, j’en achète aussi, trop. Un jour, mon père me lance : pourquoi n’écris-tu pas tes propres histoires ?

 

 En 1991, je me prédestine au métier de journaliste photographe, un métier qui m’aurait permis d’assouvir ma passion pour les mots et la photographie. Je m’inscris au club photo de mon lycée.


Je suis fascinée par les grands noms du photojournalisme comme Robert Capa. Les œuvres des photographes légendaires tels que Doisneau et Cartier-Bresson m’orientent vers le portrait pris sur le vif. Je développe une prédilection pour les images authentiques, pour exprimer des situations vraies et non fabriquées comme les photographies de guerre.

 

Malgré cet amour profond pour l’écriture et la photographie, j’opte cependant pour un cursus scientifique plutôt que littéraire. Je n’ai plus le temps, ni les moyens de continuer la photographie argentique.

 

En 1994, j’achète un ordinateur d’occasion à Andy, un camarade de lycée qui m’initie à l’informatique. Je n’ai plus depuis longtemps de ruban pour ma machine à écrire.  J’écris mon premier roman La vengeance pendant l’année de terminale que je fais lire à deux professeurs pour les corrections.

 

Après mon baccalauréat, je choisis de me former aux métiers de la beauté. Je quitte Tahiti pour la France, disquette en poche avec la ferme intention de contacter des maisons d’édition.

 

En 1995, lors d’un salon du livre, étudiante, je rencontre l’auteure Irène Frain. Cet échange bienveillant m’enchante. Elle prononce ces mots que je n’oublierai jamais : « Si vous aimez ça (écrire), n’abandonnez jamais. ». Trop intimidée, redoutant d’être exposée et d’essuyer des refus, je renonce à soumettre mon manuscrit, à la grande déception d’Andy.

Je décide de me consacrer entièrement à mes études puis à ma carrière dans l’esthétique.


 

Les débuts

 

La naissance de mon fils en mai 1998 motive mon retour à Tahiti. Je créée ma propre entreprise en avril 1999 et m’installe au domicile familial à Papara. Mon activité dans le domaine de l’esthétique et de la cosmétique tarde à se développer. Les années sont difficiles, marquées par l’éclatement familial car je divorce peu après la naissance de ma fille en 2006. Je m’accroche au travail comme à une bouée de sauvetage. Au fil du temps, je mène une carrière réussie ce qui me permet de revenir à mes passions premières.

C’est ainsi qu’en 2011, je rejoins F16, une association de photographes passionnés, laquelle organise une exposition collective chaque année.

 

L’exposition Hoho’a devient un tremplin car une de mes photos est sélectionnée pour être exposée au Musée des îles, marquant un tournant dans ma vie. La macrophotographie de la goutte d’eau sur une fougère attire l’attention d’une marque qui me demandera d’autres clichés.  Ce succès m’apporte la confiance nécessaire pour poursuivre dans cette voie.

 

Je me consacre alors à l’apprentissage des techniques photographiques, multipliant les formations pour affiner mes compétences. Mes connaissances solides me permettent de développer une vision artistique personnelle. 

 

 Parallèlement, je participe à de nombreux ateliers d’écriture et des workshops pour parfaire mon style. Ma rencontre avec Flora Devatine, me permet de publier quelques poèmes et textes dans la revue littéraire autochtone Littérama’ohi de 2011 à 2016. Pendant cette période, mon désir de publier un roman se renforce. Je débute l’écriture d’un roman, fortement influencée par le genre policier, notamment par les œuvres de Caryl Fery, et d’Elisabeth Georges.


Un rêve réalisé

 

En octobre 2015, je tape le mot fin à mon roman et propose le manuscrit de Femmes écorchées à plusieurs maisons d’édition en Polynésie mais aussi en métropole. Il est refusé partout. Cependant, je ne me décourage pas, et commence l’écriture d’un deuxième roman tout en reprenant les mêmes personnages que je commence à connaître par cœur.

 

Mais en janvier 2016, le décès de mon père me touche profondément. Je peine à reprendre la plume. J’émerge pourtant en me rappelant une citation très inspirante de Jorge Luis Borges.

 

 

En 2016, Rêverie, une œuvre photographique exposée au Musée de Tahiti et des îles, représentant une vague en pose longue, prise à Tiarei, trouve un acquéreur. Je vends un cliché pour la première fois. Encouragée par ce succès, je décide de promouvoir les paysages de la Polynésie Française avec des images authentiques et originales. Je me professionnalise et fait construire mon atelier de photographie.

 

 

En 2017, je reprends doucement l’écriture et dans le cadre de mes recherches, je pousse l’entrée de la libraire Archipels. C’est lors d’une discussion avec la libraire Domi que je mentionne mon manuscrit. Elle manifeste le désir de le lire puis elle m’encourage fortement à le publier. Elle l’envoie à l’écrivain Patrick Chastel qui me donne le contact d’une maison d’édition Api Tahiti Editions.

Rêverie, exposition collective Hoho'a


Formation Harcourt, Paris

Je me spécialise aussi dans l’art du portrait. Inspirée par les portraits intemporels et élégants du studio Harcourt, je me forme aux techniques sophistiquées de prise de vue en studio, apprenant à maîtriser les subtilités de l’éclairage.

 

Le fait que la photographie soit l’art d’écrire avec la lumière résonne fortement en moi.


Mon premier roman, Femmes écorchées, parait en 2019, ayant pour thème la condition féminine en Polynésie, il s’inspire des témoignages des femmes que je reçois dans mon institut de beauté. Dans ce roman policier, je tente de décrire fidèlement de la vie et des habitants de Tahiti. Je réalise mon rêve d’être publiée.

Finalement, en 2020, grâce au confinement, je parviens à terminer le manuscrit de mon deuxième roman Pater Familias dont le récit est caractérisé par la figure paternelle mais aussi par des recherches minutieuses dans le domaine du trafic de drogue, et des témoignages de professionnels. Il est présenté en avant-première sur Amazon en 2021.

 

 

Cette même année, le 5 août, je suis photographe pour le mariage de M. Teari Alpha, maire de la commune de Teva I Uta et Vice-Président de la Polynésie Française. L’année suivante, je couvre le mariage de M. Edouard Fritch, Président de la Polynésie Française à Pirae. Je crois que c’est le summum de ma carrière.

Une nouvelle vie

 

Le 8 août 2024, je suis lauréate d’une résidence d’écriture et je suis invitée du Salon du Livre de Papeete en octobre.

 

Le 15 novembre 2024 a lieu le vernissage de l’exposition Hoho’a avec pour thème « Chemins et trajets ». J’ai l’idée de traduire en image mon état d’esprit et de montrer les affres dont souffre un écrivain. Le titre de ma série s’impose à moi immédiatement « L’écriture est un chemin de solitude ». Contrairement aux années précédentes, j’opte pour une impression sur toile et pour un format carré.

 

L'écriture est un chemin de solitude, Exposition collective Hoho'a 2024

 

Depuis la sortie de mes deux romans, je m’implique au sein de l’association Taparau qui soutient les jeunes auteurs, notamment dans la promotion de la lecture, et des rencontres auprès du public lors du salon du livre ou du festival des auteurs. En avril 2025, je suis jury pour un concours de poésie et de nouvelles organisée par l’association et la DGEE.

 

En janvier et juin 2025, je pars en résidence d’écriture dans les îles de Mangareva et Moorea. Je me sens véritablement « écrivain ». J’écris à temps complet pendant deux mois sur mon troisième projet de roman où je souhaite plus que jamais explorer les noirceurs qui, au-delà de la carte postale, font aussi la singularité de Tahiti et des îles.

 

 

Aujourd’hui encore, je poursuis mes rêves, en restant fidèle à mes passions. Finalement, je ne suis pas photojournaliste mais auteure et photographe. Je remercie toutes les personnes qui me soutiennent et croient en moi. Pour paraphraser Borges, je continue de faire en sorte que tout ce qui m’arrive, de bien ou de mal, nourrisse mon art.

© photo Pascal Albert

 

« Les écrivains — et je pense, en général, tout être humain—doit considérer que tout ce qui lui arrive est une ressource. Tout ce qui nous est donné est pour une raison, et un artiste doit le ressentir plus intensément. Tout ce qui nous arrive, y compris nos humiliations, nos malheurs, nos embarras, tout cela nous est donné comme matière première, comme de l’argile, afin que nous puissions façonner notre art. »  Jorge Luis Borges